Pendant 18 mois, l'Université de Strasbourg a mis toute son énergie à préparer sa candidature aux différents appels à projets proposés dans le cadre des Investissements d'avenir, et à faire la somme de ses bons résultats. Aujourd'hui, les premières dotations ont été versées et l'impact de toute la démarche devient concret. Jusqu'où les investissements d'avenir ont-ils changé la donne pour la recherche à l'Unistra ? Tour d'horizon avec Éric Westhof, vice-président Recherche et formation doctorale.
On commence à voir se concrétiser dans l'université différents projets lauréats des Investissements d'avenir, notamment dans le cadre des laboratoires d'excellence (LabEx). Est-ce que cela change vraiment le quotidien des chercheurs concernés ?
Éric Westhof : Oui, ça change beaucoup de choses en effet. Les six LabEx de la première vague ont reçu courant 2011 une partie de la dotation qui est fléchée pour leur financement. On peut dire que c'est beaucoup d'argent immédiatement disponible : cela permet à ces laboratoires d'avoir une réactivité inenvisageable habituellement. Par exemple, pour obtenir certains instruments coûteux, il faut des mois de démarches administratives pour la demande et souvent plusieurs années avant de l'avoir. La situation s'est même aggravée depuis quelques années. La recherche de fonds est vraiment devenue permanente, lourde et fastidieuse.
Je suis moi-même directeur du LabEx NetRNA. Ce projet concerne trois unités de recherche, neuf équipes au total, il disposera de neuf millions d'euros sur dix ans (900 000 euros par an). En quelques mois, on a pu acheter un nouvel équipement, un spectromètre de masse. On recrute actuellement des doctorants, des ingénieurs, on envisage de créer très prochainement une équipe junior... Une douzaine de personnes vont être embauchées, avec des statuts divers certes, ce qui complique la gestion. Une vraie dynamique se met en place ! Et le mieux, c'est qu'elle rayonne au delà des équipes directement concernées : comme nous sommes dans une démarche de mutualisation de moyens matériels et humains, tout l’environnement proche en profite indirectement. Ainsi, tout chercheur de l'université peut accéder au spectromètre de masse qui fait partie d’une plateforme, et même des partenaires extérieurs à l'établissement.
La recherche dans son ensemble est-elle impactée ? Les sciences humaines et sociales (SHS) ont été moins bien dotées dans les résultats d'appels à projet.
EW : En ce qui concerne les LabEx et les ÉquipEx(1), il est clair que les lauréats sont très majoritairement dans le champ des sciences physiques, chimiques ou biomédicales. Tout simplement parce que les appels d'offre les visaient beaucoup plus que les sciences humaines et sociales. L'objectif était en effet de soutenir particulièrement la recherche dans les nouvelles technologies, les biotechnologies, la santé humaine etc. Ainsi, presque toutes les unités de recherche des grands secteurs de la recherche scientifique dans ces domaines à l'Université de Strasbourg ont obtenu un LabEx ou un ÉquipEx, tandis qu'il n'y a eu qu'un LabEx retenu en SHS.
Heureusement, grâce à l'Idex, l'université va pouvoir rééquilibrer la situation : 30% des sommes amenées par l'Idex (16,5 millions d'euros par an, environ) seront consacrés à soutenir tout projet innovant dans tous les domaines (en recherche et en formation, d'ailleurs). On a déjà lancé un premier appel à projet en interne. Il y a beaucoup de réponses et les SHS y sont bien représentées. On peut espérer que les résultats seront à leur avantage.
Voyez-vous des implications plus structurelles des Investissements d'avenir sur la recherche à l'Université de Strasbourg ?
EW : La structuration de la recherche, dans n'importe quelle université, est évaluée et remodelée lors de chaque contrat d'établissement. L'Unistra va signer son prochain contrat pour la période 2013-2017, et notre recherche est en cours d'évaluation par l'Aeres(2) en ce moment. De fait, les chercheurs ont rédigé en même temps leur projet pour candidater aux Investissements d’avenir et leur bilan pour l'évaluation, qui comporte aussi leur projet pour la période à venir. En réfléchissant à l'un, on a influencé l'autre : certaines équipes de recherche ont proposé de se rapprocher, voire de se réunir dans une même unité. Dans le LabEx NetRNA, pour la cohérence du projet, nous proposons la création d'une nouvelle équipe autour des levures... Les Investissements d'avenir auront finalement modifié le financement de la recherche mais également la structure de la recherche dans notre université.
Par ailleurs, je voudrais souligner l'effet « visibilité » induit par les IA. J'ai été impressionné par le nombre d'appels que j'ai reçu de collègues de toute la France, qui voulaient savoir comment on avait fait, comment on avait construit nos réponses aux différents appels d'offre... Et maintenant, nous recevons des demande de doctorants du monde entier. C'est une bonne affaire en terme de visibilité.
C'est juste un peu compliqué à mettre en place au niveau de la gestion. C'est normal, c'est une création ex nihilo, on n'a pas de références, il faut tout imaginer. C'est pour cela que le dispositif a prévu que chaque LabEx dispose d'un « manager » pour l'aider sur la gestion administrative. Chacun aura aussi un conseil scientifique propre constitué de membres extérieurs. Une évaluation des LabEx est prévue dans 4 ans.
Propos recueillis par Caroline Laplane
(1) ÉquipEx : équipement d'excellence
(2) Aeres : Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur
Une étude parue dans la revue Nature le 11 avril 2012 remet en question le système de navigation des pigeons voyageurs. Décryptage avec Hervé Cadiou, maître de conférences à l’université, qui a contribué à ses travaux lors de son post-doctorat.
Le champ magnétique terrestre forme un véritable paysage invisible : ses caractéristiques varient en fonction de l’endroit où l’on se trouve par rapport aux pôles, mais aussi en raison d’anomalies locales. De nombreux animaux « perçoivent » ce champ - on parle de magnéto-réception - et l’utilisent pour s’orienter, parmi d’autres indices sensoriels, notamment visuels et olfactifs. « Les pigeons par exemple intègrent différents types d’informations pour former une sorte de carte. Ils ont un véritable GPS dans la tête », illustre Hervé Cadiou.
La perception du champ magnétique terrestre n’est pas nouvelle, mais les bases anatomiques et physiologiques de ce sens résistent aux investigations des chercheurs. Une des hypothèses seraient que des cellules nerveuses fabriquent des petits cristaux de magnétite, un oxyde de fer, responsables de la sensibilité magnétique des animaux. De précédentes recherches ont suggéré que la boussole interne du pigeon se situerait sous la peau recouvrant la partie supérieure du bec de l'oiseau. Mais « l’équipe de David Keays (Institut de pathologie moléculaire, Vienne en Autriche) a démontré que les dépôts de fer dans le bec du pigeon n'étaient pas cristallins, mais plutôt des dépôts organiques, et que ce fer n'appartenait pas à des neurones, mais à des macrophages, cellules du système immunitaire », explique Hervé Cadiou. Or, « pour qu'il y ait un sens, une réception sensorielle, il faut qu'il y ait des neurones ».
Un organe de la magnéto-réception ?
Les chercheurs impliqués dans cette étude suggèrent que le centre de la magnéto-réception pourrait résider dans l'épithélium olfactif (muqueuse de la paroi du nez), la structure sensorielle impliquée chez la truite arc-en-ciel. D’autres équipes travaillent sur des hypothèses et des modèles différents et certains pensent que ces cellules se situent dans l’oreille, d’autres dans l’œil. « Ma théorie serait que tous les organes sensoriels pourraient détecter le champ magnétique. L’animal est traversé de part en part par ce champ, cela serait donc logique », propose Hervé Cadiou.
Google Earth a permis d’observer l’alignement de troupeaux de vaches et de cervidés. Alors que les cervidés, animaux sauvages, sont alignés selon un axe nord-sud, les troupeaux de vaches domestiques sont eux plus dispersés. La domestication pourrait ainsi être une cause de la disparition de ce sens ? Et chez l’Homme ? « Difficile de faire des études de physiologie chez l’Homme. Si ce sens existe, nous n’en avons pas conscience », conclut le chercheur.
Contact : Hervé cadiou
Anne-Isabelle Bischoff
Le projet Nano@matrix sélectionné par le programme Interreg IV Rhin supérieur pour son caractère innovant et transfrontalier, a été officiellement lancé le 19 avril 2012. Il rassemble plusieurs acteurs de la recherche en nanomédecine de part et d’autre du Rhin, dont le but est d’explorer de nouvelles pistes de diagnostic et de traitement des cancers.
Dans les trois ans à venir, quatre équipes de recherche françaises et allemandes vont produire et tester deux « nanomédicaments »(1) qui seront ensuite proposés pour des tests cliniques.
Le premier nano-objet a été imaginé et développé dans le cadre d’un projet européen FP7 (Nanomagdye). Il est fabriqué à l’IPCMS par Geneviève Pourroy, Delphine Felder-Flesch et leurs collaborateurs et testé en collaboration avec le Linc (Patrick Poulet, Jérôme Steibel). Il s’agit d’un marqueur magnétique et optique permettant de visualiser le réseau de ganglions lymphatiques connectés à une tumeur, dans le cas par exemple du cancer du sein. « À l’heure actuelle, pour détecter le ganglion sentinelle(2), le chirurgien injecte une grande quantité de colorant pour voir le système lymphatique à l’œil nu, ce qui peut poser des problèmes d’allergie ou de coloration de longue durée de la peau », explique Geneviève Pourroy. « D’autre part, il est important de réduire au maximum l’ablation chirurgicale pour éviter les lymphoedèmes(3), d’où la nécessité de bien localiser le ganglion sentinelle ». Les partenaires du réseau Nano@matrix proposent donc une méthode alternative en développant un marqueur et une sonde magnéto-optiques. Le marqueur est constitué de nanoparticules d’oxyde de fer magnétiques sur lesquelles sont greffés des bras appelés dendrons capables de porter une molécule de colorant. Ces particules, une fois injectées dans le système lymphatique des patients, pourront être détectées à la fois par IRM (comme un agent de contraste) et par une sonde manuelle développée par l’entreprise alsacienne Eurorad. « Nous évitons ainsi l’utilisation de marqueurs radioactifs et diminuons considérablement la quantité de colorant nécessaire», souligne Geneviève Pourroy. Par ailleurs, la détection simultanée par deux méthodes accroit notablement les chances de détection.
Une collaboration transfrontalière
L’étape suivante est de tester le comportement de ces molécules in vivo : vérifier les propriétés physico-chimiques, tester la toxicité (Karlsruhe Institute of Technology), et la biodistribution (Université de Fribourg). « Chaque partenaire du réseau apporte des compétences différentes. La collaboration scientifique transfrontalière et la mise en commun d’appareillages et de techniques de caractérisations sont la clef de réussite du projet », explique Juliane Reuther, responsable de la gestion de projet et de l’animation du réseau.
La diffusion des résultats sera assurée par l’European Materials Research Society (E-MRS), une structure associative basée à Strasbourg, leader en Europe dans la diffusion des connaissances scientifiques dans le domaine des matériaux dits « avancés ».
Anne-Isabelle Bischoff
Pour en savoir plus sur le projet : partenaires, financements, etc. :
(1) Médicaments ou objets moléculaires thérapeutique à l’échelle du millionième de mm.
(2) Premier ganglion lymhatique connecté à une tumeur.
(3) Gonflement d'une partie plus ou moins importante du corps suite à une accumulation de liquide lymphatique dans les tissus.
Deux équipes du CNRS et de l’Université de Strasbourg, menées par Nicolas Giuseppone (Institut Charles Sadron) et Bernard Doudin (IPCMS), ont réussi à fabriquer des fibres plastiques fortement conductrices, de quelques nanomètres d’épaisseur. Ces nano-fils se construisent « tout seuls » sous la seule action d’un flash lumineux !
Peu coûteux à obtenir et faciles à manipuler contrairement aux nanotubes de carbone, ils allient les avantages des deux matériaux utilisés à ce jour pour conduire le courant électrique : les métaux et les polymères organiques plastiques. En effet, leurs remarquables propriétés électriques sont proches de celles des métaux. De plus, ils sont légers et souples comme les plastiques. De quoi relever l’un des plus importants défis de l’électronique du 21e siècle : miniaturiser ses composants jusqu’à l’échelle nanométrique. Ces travaux ont été publiés le 22 avril 2012 dans l'édition en ligne avancée de la revue Nature Chemistry. Prochaine étape : démontrer que ces fibres peuvent être intégrées industriellement dans des appareils électroniques comme les écrans souples, les cellules solaires, etc.
Le 10 mai dernier, Laure Reinhart, directrice générale déléguée d’Oséo et Nicolas Carboni, président de la Satt Conectus Alsace ont signé une convention de partenariat portant sur l’échange d’expérience en matière de valorisation des projets issus des laboratoires de recherche, et le partage des connaissances des PME/ETI nationales pour optimiser le transfert des résultats de la recherche vers les entreprises françaises.
Ce partenariat s’appuie sur une expérience réussie de collaboration entre Oséo et Conectus Alsace engagée depuis 2006, dans le cadre du premier fonds de maturation mis en place dont la gestion financière était assurée par Oséo .
Trois axes de collaboration seront développés concrètement :
Pour en savoir plus, voir le communiqué de presse.
C’est le plus ancien laboratoire d’économie de Strasbourg, l’un des plus anciens de France. Le Bureau d’économie théorique et appliquée (Béta) est une unité mixte de recherche de l’Université de Strasbourg, de l’Université de Lorraine et du CNRS (auquel il s’est associé en 1985). La structure couvre un large éventail d’approches, allant de la recherche théorique académique en économie et en gestion à ses applications dans la réalité sociétale. C’est ce parti pris qui lui permet d’être un des premiers laboratoires français – il est classé A+ par l’Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, l’Aeres. Il est aussi reconnu internationalement dans ses domaines de compétences.
À l’occasion de ses 40 ans, le Béta propose une série de rencontres et d’échanges scientifiques à destination du grand public. Ces manifestations auront lieu à la librairie Kléber :
Pour la cinquième année, le Cercle Gutenberg, dont l'une des missions est de stimuler la recherche scientifique en Alsace, propose de remettre le prix Guy-Ourisson à un chercheur « de moins de quarante ans menant des recherches très prometteuses » dans la région. Ce prix est doté de 20 000 euros et s'adresse à tous les champs disciplinaires.
En parallèle, cette année encore, la Fondation Université de Strasbourg financera un prix de 10 000 euros destiné à un jeune chercheur sélectionné par le Cercle sur les mêmes critères.
Pour participer, les candidats doivent fournir un dossier comprenant :
Le tout devra être adressé par courriel au Cercle Gutenberg avant le 1er octobre 2012, le lauréat étant désigné en novembre pour une mise à disposition des fonds en janvier 2013.
Né en 2007, ce groupement d’intérêt scientifique (GIS) résulte d’une volonté conjuguée de la communauté universitaire et de deux ministères (Enseignement supérieur et recherche, Affaires étrangères et européennes). L’Institut des Amériques fédère aujourd’hui une soixantaine d’établissements d’enseignement supérieur structurés en cinq pôles régionaux.
L'Université numérique thématique consacrée aux champs disciplinaires des sciences humaines, des sciences sociales, des lettres, des langues et des arts se nomme l’Université ouverte des humanités (UOH). Pour favoriser une meilleure réussite des étudiants et contribuer au développement de l’université numérique française, l’UOH offre sur son portail librement accessible des contenus pédagogiques validés scientifiquement, pédagogiquement et techniquement : texte, audio, vidéo, multimédia, etc. Les ressources proposées sont des compléments et/ou des supports aux cours en présentiel qui permettent la diversification des modes de transmission des connaissances et offrent la possibilité à tous les établissements supérieurs de construire des stratégies d'enseignement s'ils le désirent.
Appel à projet "printemps 2012" à renvoyer avant le 15 mai 2012
Avec un marché global de plus de 1 milliard de dollars et un taux de croissance de 20% par an, les bioplastiques représenteront, d’ici à 2020, 5 millions de tonnes. Ces chiffres attestent du fort potentiel économique de ces nouveaux plastiques, présents dans la majorité des secteurs d’activité : bâtiment, pharmacie, emballage, transports, énergie, chimie…
La Satt Conectus Alsace®, l’ECPM, Rittmo Environnement et le Critt Matériaux Alsace organisent une rencontre technique et scientifique les 23 et 24 mai prochains au Palais universitaire sur le thème : Les bioplastiques : polymères biosources et/ou biodégradables.
Cette manifestation est ouverte aux chercheurs comme aux industriels. Inscrivez-la dès à présent dans votre agenda !
Venez découvrir les innovations de demain et les témoignages d’entreprises qui ont sauté le pas. Toutes les informations sont en ligne sur le site www.lesbioplastiques.com
Les Chaires Gutenberg sont un dispositif mis en place par les collectivités locales en Alsace, sur proposition du Cercle Gutenberg, pour faciliter l'accueil en Alsace pendant une période d'environ un an, de chercheurs de niveau international invités par des établissements d'enseignement supérieur et de recherche. Tous les champs disciplinaires sont éligibles.
Les titulaires d'une Chaire Gutenberg bénéficient à ce titre :
Les chercheurs bénéficiant de ce dispositif sont rémunérés soit par leur établissement d'origine au titre d'une année sabbatique soit par le ou les établissement(s) d'accueil selon les procédures normales utilisant les supports de postes de professeurs ou de directeurs de recherche. L'attribution d'une Chaire Gutenberg s'accompagne du maintien des crédits affectés par l'établissement au chercheur invité et est cumulable avec tout autre dispositif d'aide.
8 810 étudiants de nationalité étrangère inscrits à l'Unistra
• 42% de ces étudiants sont originaires de pays européens
• 26% de pays africains
• 23% d'Asie-Océanie
• et 9% du continent américain.
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 30 mai midi pour une parution le vendredi 1er juin 2012.
Consultez les dates des prochains numéros.